Skip to content

L'éducation au regard des neurosciences

Mathilde Mironi 19 avr. 2022 16:48:52
éducation et neurosciences

Apaiser, sécuriser, consoler son enfant de manière chaleureuse et aimante : ce comportement intuitif pour la plupart d’entre nous est désormais reconnu par les neurosciences comme étant favorable au développement de l’enfant.

Oui, pour permettre au cerveau d’un enfant de développer ses facultés intellectuelles et affectives au maximum, la bienveillance et l’empathie sont nécessaires. Essayons ensemble de mieux comprendre le développement du cerveau des petits grâce aux recherches scientifiques.

Le cerveau du jeune enfant

Ce que les neurosciences nous disent et qu’il est important de comprendre, c’est que le cerveau des enfants est immature. On estime qu’il atteint sa maturité vers l’âge de 25 ans.

Le jeune enfant est dominé par son cerveau archaïque, ce qui explique beaucoup de ses réactions. Impossible pour lui de maîtriser ses impulsions et de se raisonner. Il réagit donc de manière spontanée et instinctive et ses émotions sont vécues avec une extrême intensité. Un chagrin, une peur, une colère se transforment illico en raz de marée ! Vous l’avez sûrement observé, je me trompe ?

Les neurosciences nous éclairent donc sur le fait que le fameux caprice n’existe pas. L’idée que les très jeunes enfants nous provoquent est également fausse. Pourquoi ? Parce qu’entre 0 et 3 ans, un petit ne peut tout simplement pas gérer ses émotions, il est au contraire envahi et ne comprend pas ce qui se passe en lui. Bien sûr, il ne fait pas exprès d’être dominé par ce qu’il ressent, il a même besoin d’être accompagné.

Chez un enfant laissé seul face à ses émotions, l’amygdale cérébrale de son cerveau active la sécrétion de molécules de stress, du cortisol, de l’adrénaline. En quantité importante, ces molécules peuvent être toxiques pour le cerveau. Certains neurones peuvent alors être détruits, notamment ceux qui jouent un rôle dans la mémoire, dans la gestion des émotions, dans la résilience et les capacités relationnelles. Vous comprendrez donc qu’il n’est pas productif de stresser un enfant en plein apprentissage, à l’école par exemple. Ce genre de stress peut être provoqué par une violence physique ou verbale comme des humiliations, des cris, des menaces…

Les postures éducatives à adopter pour favoriser la maturation du cerveau

Pour apaiser l’amygdale qui équilibre le système nerveux, il est d’abord fondamental de mettre des mots sur les émotions des enfants. Cette attitude est très bénéfique pour la maturation du cerveau qui est à la base fragile et malléable. Si vous voyez votre enfant se mettre dans tous ses états parce que vous refusez de lui donner un bonbon par exemple, vous pouvez lui dire “je comprends que tu es frustré parce que tu as envie de ce bonbon, malheureusement tu ne peux pas le manger tout de suite.”

Étant donné que le cerveau est malléable, les relations vécues et les comportements observés ont une influence sur l’enfant, notamment sur son développement intellectuel et émotionnel. Vous le savez, les enfants nous imitent sans cesse, nous sommes des modèles pour eux ! Donc en toute logique, plus un adulte est bienveillant et empathique avec un enfant, plus ce dernier sera lui-même empathique et bienveillant avec les autres. C’est aussi pour cette raison qu’un enfant doit pouvoir observer des adultes qui savent exprimer leur désaccord sans violence.

La pédiatre Catherine Gueguen précise que pour permettre au cerveau de se développer au maximum, un enfant a besoin d’amour inconditionnel de la part de ses parents, c'est-à-dire de leur présence, de leur attention, de paroles et de gestes tendres. Il a également besoin d’encouragement, de bienveillance et d’empathie, pour cela les parents doivent accueillir toutes les émotions de leur enfant, qu’elles soient agréables ou désagréables (joie, tristesse, colère…).

Un adulte doit pouvoir transmettre ses valeurs tout en posant un cadre. Être à l’écoute des émotions de l’enfant ne signifie pas qu’il ne faut pas fixer de limites, bien au contraire. Il faut savoir dire non à des comportements inadéquats pour que l’enfant les intègre.

Il faut trouver un équilibre (oui, c'est là que se trouve toute la difficulté pour nous en tant que parent) et laisser l’enfant exprimer sa curiosité, sa vitalité en l’encourageant pour qu’il se fasse confiance et acquière une bonne estime de lui-même. Cela l’aidera bien sûr à s’ouvrir au monde et à se tourner vers les autres.

Ce type de comportement positif de l’adulte aura un lien direct sur le développement des connexions cérébrales de son cerveau. Avec le temps, elles permettront à l’enfant de pouvoir se contrôler et de prendre du recul sur ce qui se passe. La production des hormones du bien-être (Ocytocine, Dopamine) augmentera alors, tout comme la substance grise et la résistance au stress. De quoi donner des bases solides pour la vie !