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Aidance & emploi : quelle valorisation des compétences ?

Alizee L. 4 mars 2022 14:46:21
Aidance & emploi : quelle valorisation des compétences ?

Sommaire : 

Une expertise ignorée 

On remarque un clair manque de considération de l'expertise des proches aidants notamment avec la crise sanitaire aujourd'hui. Or, nombre d’aidants avaient déjà, bien avant la Covid-19, vécu des crises – de différentes natures -, des confinements, mise en œuvre des gestes barrières identiques à ceux recommandés actuellement. Ce qu’ils pouvaient nous transmettre a été ignoré. Reconnaître et valoriser ce qui est de l’ordre de l’expertise et des compétences relève d’une considération fondamentale pour ne pas enfermer les aidants dans un rôle, et ne pas leur confisquer la parole, qui est finalement leur lien à la société. Ce qui nous conduit à poser cette question de fond : quelle reconnaissance la société est-elle prête à accorder à ces expériences et expertises, et compétences induites par leur rôle de proche aidant ?

Oui, les proches aidants acquièrent et développent des compétences !

Dans les entreprises, des actions en faveur de la conciliation vie d’aidant-vie professionnelle se développent. Toutefois, la question de l’accès ou bien du retour à l’emploi des proches aidants reste bien moins investie, ce qui révèle les failles de notre société à aborder la question des compétences acquises par la personne qui aide ou qui a aidé. 

Dans cette optique, l'Association Française des Aidants, en partenariat avec AG2R La Mondiale, a apporté son soutien à l'études « Aidance et emploi : une approche psychosociale des parcours et trajectoires de proches aidant·e·s ». Son objectif ? Mieux comprendre ce que l'on entend par le terme « compétences » grâce à trois grandes dimensions, telle qu’entendue de manière générale dans les milieux professionnels, qui sont ressorties des entretiens menés auprès de personnes en activité professionnelle et sans emploi. 

Tout d'abord, on parle de tout ce qui relève des savoir-être (c'est-à-dire des comportements relationnels) au travers de qualités sollicitées dans leur activité d’aide : patience, écoute, empathie, résistance, adaptation, persévérance, organisation, relativiser, bienveillance, amour, recul, sensibilité, attention, compassion, dévouement, disponibilité, soutien, enrichissement, s’endurcir, humanisme.

Ensuite, on parle logiquement de savoir-faire (c'est-à-dire les pratiques). Car être proche aidant conduit à gérer un quotidien complexe, souvent fait d’imprévus, cela demande à la fois de pouvoir organiser, anticiper, coordonner, et surtout s’adapter ! Les relations au proche malade, à l'entourage, aux professionnels ne sont pas toujours si simples et linéaires. 

Et finalement, on parle de savoirs (c'est-à-dire les connaissances), notamment en ce qui concerne les acteurs et rôles des acteurs du médico-social, du sanitaire, des aspects de la législation, etc.

Des compétences transférables dans d’autres activités que le soin

Accompagner un proche malade au quotidien amène généralement à développer une expertise en lien avec l’aide et le soin. D'ailleurs, pour beaucoup de personnes interrogées dans le cadre de l'étude, les compétences développées ne pourraient être reconnues que dans le domaine du médico-social et du soin à la personne. 

Pourtant, l’expertise des proches aidants est loin de se limiter à ce domaine, et les compétences développées peuvent être mobilisables et utiles dans bien d’autres circonstances. Coordination, gestion budgétaire, par exemple, sont des compétences qui importent dans une vie professionnelle.

C'est pourquoi, accompagner les proches aidants dans l’élaboration des choix, en ayant toujours la boussole de la capacité à agir, c’est aussi faire en sorte que de reconnaître leurs compétences. À la fois pour les aidants en activité professionnelle et aussi ceux qui, sans emploi, souhaiteraient (re)venir sur le marché du travail. En ce sens, travailler à l'accompagnement de la réinsertions dans la vie active nécessite d’accompagner à l’émergence de potentialités. Dans un premier temps, à la reprise et/ou au renforcement de la confiance en soi, puis à l’identification des expertises et compétences.

Accompagner – et non imposer – les souhaits de réinsertion

Dans le cadre de cette étude, des proches aidants ont exprimé leur souhait d'un accompagnement au moment de leur réinsertion dans le milieu professionnel.

Mais la question se pose : vers qui se tourner ? 

« On a besoin, c’est comme une reconversion, c’est comme une nouvelle vie, on a besoin de l’avis de tout le monde, on a besoin de spécialistes. »  

 « Je ne vois pas bien par quel professionnel on pourrait être aidé. » 

Là aussi, un des enjeux reste la visibilité et la lisibilité des acteurs pouvant accompagner à ce cheminement délicat. Ce travail ne saurait qu’être que collectif, et surtout, il n’en est qu’à ses prémisses.