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Conciliation des temps de vie : quelles bonnes pratiques ?

Alizee L. 2 mars 2022 17:11:00
Conciliation des temps de vie : quelles bonnes pratiques ?

Les jeunes générations placent la conciliation des temps de vie au rang de principal objectif de vie.  Mais la responsabilité de cette articulation des temps de vie n’est pas qu’une question d’organisation individuelle. C'est aussi le rôle des États, par le biais de dispositifs légaux, et des entreprises, via des politiques internes qui ont tout intérêt à la faciliter (un·e salarié·e équilibré·e témoigne d’une meilleure productivité et d’un engagement plus fort et plus durable.

Faisons le point sur des pratiques permettant une meilleure articulation des temps de vie.

Sommaire :

Comment améliorer la conciliation des temps de vie au niveau étatique ?

L’approche légale de la conciliation des temps de vie se concentre sur deux aspects : les politiques familiales et de l'enfance. 

Voici quelques exemples : incitations financières pour que les deux conjoints travaillent à temps partiel après une naissance (Allemagne), compte épargne-temps pour aménager ses congés (France), application mobile pour soumettre une demande de congé parental de courte durée en cas d’enfant malade (Suède).

Face aux attentes des nouvelles générations, la notion de vie familiale a peu à peu glissé vers celle de vie personnelle. Cette évolution coïncide avec la transformation digitale, facteur de porosité accrue des temps : l’idée d’un droit à la déconnexion a émergé. La France a été le premier pays à légiférer sur le sujet en 2017, suivie au printemps 2018 par la Belgique ou encore la Corée du Sud qui vient d’adopter une extinction forcée des ordinateurs des employés de la capitale à 19h le vendredi soir.

En entreprise : des pratiques en faveur de l'équilibre vie pro/vie perso

Les pratiques des entreprises répondent à des réalités et des besoins contrastés, fonction notamment des secteurs professionnels et des branches de métiers.

D’abord des réponses destinées à remodeler l’organisation même du travail pour la rendre plus « conciliante » :

  • Les chartes : Parentalité en Entreprise, paraphée par plus de 500 employeurs
  • Les accords d’entreprise :  indiquant des engagements officiels de l’organisation (exemple : Orange)
  • L'accompagnement de la parentalité sous des formes variées : « mercredi père/mère de famille » chez L’Oréal, solutions permanentes ou ponctuelles d’accueil des enfants comme les centres Filapi, missions sociales d’entreprise proposant des services d’aide à la parentalité et à l’éducation des enfants comme l’Action Sociale chez SNCF. Ou  encore,  des mesures fermes antidiscriminatoires vis-à-vis des salarié·e·s en temps partiel et en congés parentaux.
  • Le télétravail : il permet d’assouplir la contrainte d’agenda (en réduisant la durée globale des trajets domicile/travail). Il reste cependant essentiel de le concevoir comme une modalité d’organisation du travail, notamment pour  protéger les collaborateurs/collaboratrices de certains effets pervers d’une porosité excessive entre les espaces de vie (car que signifie articuler les temps, si les espaces se confondent jusqu’à l’invasion du territoire personnel par les dossiers !). Les entrepreneuses qui rejoignent avec enthousiasme des espaces de co-working hors de leur domicile l’ont bien compris : quand la pause de 10 h est dédiée à lancer une machine à laver, ce n’est plus vraiment un avantage de travailler depuis chez soi !
  • L’émergence de nouvelles formes d’emploi : partir de la situation personnelle des collaborateurs/collaboratrices pour définir l’espace-temps et l’organisation du travail (par exemple : le job sharing, en expansion aux États-Unis, en Suisse et aux Royaume-Uni).

Pour donner corps au droit à la déconnexion :

  • Par exemple, clarification des règles d’utilisation des e-mails, meilleur encadrement des réunions comme des horaires de travail, etc.
  • Prendre en compte le besoin des salariés à concilier leurs temps de vie, c’est aussi anticiper au mieux leurs déplacements. 

D’autres mesures relèvent davantage des postures : on pense notamment à la formation du corps managérial pour sensibiliser à l’importance de l’exemplarité (ex : quel message implicite relaie-t-on lorsqu’on envoie un mail un dimanche soir ou au beau milieu de la nuit ? À l’inverse, un·e manager envoie de vraies autorisations en assumant de quitter soi-même le travail plus tôt…)

À l’échelle individuelle : s'organiser et négocier pour bien concilier ses temps de vie 

Des mesures gouvernementales ou managériales ne suffisent cependant pas : il faut avant tout nous attacher nous-même à concilier nos temps de vie ! 

Cela demande une certaine discipline organisationnelle : en posant des règles de joignabilité ponctuelles et en compartimentant ses outils de communication (séparation des adresses mail pro et perso, utilisation cloisonnée des réseaux sociaux), on évite déjà de nombreux écueils.

Si cela ne suffit pas, il faut alors penser à déléguer les tâches qui peuvent l’être (sans pour autant être la/le seul·e de la famille à connaître le numéro des baby-sitters et à gérer la facturation de la femme/de l’homme de ménage) et à hiérarchiser celles qui restent, dans l’optique de diminuer sa charge mentale.

On essaie aussi d'établir un espace de ressourcement mental avec des pauses, des vraies… Et on développe son « optimalisme » pour laisser place au lâcher-prise et à l’acceptation de son imperfection. Oui, oui, on lutte activement contre le syndrome de la bonne élève et le complexe de superwoman !

Il faut aussi penser à négocie avec son environnement familial (partage des tâches domestiques le plus juste possible), mais aussi on se pose des limites vis-à-vis de ses obligations professionnelles (se donner une heure limite pour quitter le bureau le soir, s’interdire de ramener l’ordinateur le weekend, ranger le smartphone à table, etc).

Sans oublier de négocier sa propre organisation professionnelle : il est toujours bon d’aborder en entretien annuel son ressenti sur sa charge de travail et les principes de fonctionnement adaptés.

Le monde actuel nous demande d’être « chef·fe·s de projet » de nos vies - alors négocions avec tous nos entourages les moyens effectifs de remplir la mission !