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Monoparentalité : le travail, les enfants et la culpabilité

Alizee L. 11 févr. 2022 16:37:07
Monoparentalité : le travail, les enfants et la culpabilité

Aujourd'hui, il est encore courant d'entendre que la maman doit être là à la sortie de l'école pour récupérer ses enfants ou qu'elle ne doive reprendre son travail qu'aux 3 ans de son enfant. Il n'est pas naturel de penser, encore aujourd'hui, que des enfants puissent être gardés par quelqu'un d'autre que leur mère.

Effectivement, l'activité professionnelle des femmes n'est ni intégrée dans l'organisation des modes de garde, ni dans l'organisation du travail (mentalités, articulation des rythmes de vie sociaux et scolaires).

Sachez qu'aujourd'hui aucune étude ne permet aujourd'hui d'affirmer qu'il existe un lien entre activité professionnelle (ou non) d'une mère et plus ou moins bon équilibre psychologique de l'enfant.

Ce qui ressort le plus souvent des études, ce sont quelques points particulièrement importants pour les enfants et leur construction :

  • l'adéquation entre le mode de vie mené par une femme et ses références, ses valeurs : une femme qui considère qu'elle a une carrière professionnelle à mener en parallèle de sa vie familiale sera " en cohérence " avec elle-même et les enfants le sentiront.
  • La façon dont est perçu le fait que la femme travaille, au sein de la cellule familiale : si, par exemple, le père n'est pas favorable au travail de sa femme, l'ambiance familiale va en être affectée.
  • Les raisons pour lesquelles la femme travaille : si elle le fait en y prenant du plaisir ou s'il s'agit uniquement d'un besoin pécuniaire, les enfants ne le vivront pas de la même façon.
  • Le mode de garde qui doit correspondre à la sensibilité et aux besoins des parents qui travaillent.

La culpabilité des femmes qui travaillent

Dès que l'enfant a un problème, par exemple qu'il se blesse à l'école et qu'elle est en réunion et donc indisponible, sa mère va culpabiliser en se demandant où elle a eu une faille. Dès qu'elle travaille, la femme va trouver immédiatement la cause : son activité professionnelle ! Sa culpabilité va se manifester d'une façon inconsciente (dysfonctionnements notamment au niveau de la relation de couple, somatisation…) et sur un plan plus large que le seul aspect psychologique (la charge matérielle et mentale de l'éducation des enfants porte encore trop exclusivement sur la femme).

L'environnement de la mère est essentiel (environnement de travail, familial, social) et reste le cœur de tout cela. On note qu'une femme qui travaille et qui évolue dans un milieu socio-culturel riche (activités socio-culturelles, relations…) aura des relations éducatives peu différentes d'une femme du même milieu qui ne travaille pas. En revanche, une femme qui vit dans un environnement difficile (précarité, isolement social…), qu'elle travaille ou non, aura des difficultés éducatives à l'égard des enfants.

La reprise du travail de la mère, après la naissance, est un moment délicat où l'équilibre de l'enfant est en jeu. La maman doit être entourée : s'il s'agit d'une famille monoparentale, la femme doit veiller à ne pas tout porter seule sur ses épaules (voisinage, amis…).

Quelques points essentiels à retenir

  • Les études de psychanalyse ont montré que le devenir d'un enfant n'est pas entièrement déterminé par la réalité objective de ce qui lui est donné de vivre : des enfants qui grandissent dans un environnement dur ou compliqué peuvent tout à fait s'en sortir correctement, en revanche des enfants vivant dans un environnement " riche " peuvent totalement échouer en grandissant. Donc que la mère travaille ou non, c'est un élément qui va influer sur l'enfant, mais cet élément va influer parmi beaucoup d'autres.
  • -Une mère qui va bien est une mère qui "évolue", qui est "vivante", qui est "bien dans sa vie" ce qui n'empêche pas les hauts et les bas, nécessaires à l'équilibre et à l'évolution dès lors qu'elle est entourée. Trop centrer l'enfant sur sa mère n'est pas positif car l'enfant doit trouver d'autres relais (père, amis, famille…).
  • L'enfant doit avoir ses repères de père et de mère, même si l'un d'entre eux n'est pas présent : il s'agit de la filiation. L'absence maternelle, si la mère travaille, n'est pas synonyme de carence affective. Idem pour le père. La qualité relationnelle ne s'évalue pas au temps passé en présence physique d'une mère ou d'un père.

La garde des enfants

Après la naissance, mettre son enfant en garde est toujours difficile : il n'y a aucun âge propice pour cela. Aujourd'hui, la fin du congé maternité s'effectue après 10 semaines. Il serait sûrement bien d'envisager des reprises d'activité partielles et progressives, car l'âge idéal pour mettre son enfant en garde est très subjectif. Quelques conditions apparaissent nécessaires pour que la garde se passe bien :

  • la professionnalisation des personnes qui assurent la garde : formation, éviter que la garde se superpose à la vie privée de la personne qui s'occupe des enfants, éviter que la garde se cumule avec des tâches ménagères…
  • personnaliser la garde de l'enfant : c'est-à-dire qu'il ait une personne de référence,
  • assurer une sécurité affective : que les personnes qui gardent les enfants assurent une continuité du lien avec les parents, en leur parlant d'eux,
  • répondre aux besoins de découverte des enfants, qui ne demandent que cela à cet âge là,
  • une stabilité du mode de garde car l'enfant a besoin de cela pour les acquisitions fondamentales des 3 premières années.

Au niveau de la garde des enfants, il existe une responsabilité sociale dont personne ne peut se dégager. Somatisations, troubles du comportement, difficultés relationnelles sont les troubles les plus fréquents de l'enfant qui ne vit pas bien son mode de garde.

En ce qui concerne le père, il est au carrefour de la relation mère-enfant et de l'environnement social. Heureusement, la relation père-mère-enfant évolue, tout comme les familles et les modèles parentaux.

Que l'enfant soit gardé chez les grands-parents, au domicile des parents, chez une assistante maternelle ou en crèche, l'environnement social et culturel doit être privilégié, que la mère travaille ou non, cela permettra de limiter cette culpabilité ressentie par de nombreuses mamans qui s'occupent seules (ou non) de leurs enfants.